J'ai toujours été très enthousiaste à l'égard des HES et je suis convaincu de leur valeur inestimable pour la Suisse. Comment les écoles qui ont précédé les HES actuelles ont-elles été créées ? Mon livre « Les fondements des Hautes écoles spécialisées – HES » illustre la profonde restructuration de ces établissements d'enseignement jusqu'en 2011 environ. Auparavant, ils n'avaient qu'une seule mission : délivrer des diplômes spécialisés. Dans mon cas, il s'agissait du "diplôme d'économiste d'entreprise ESCEA". Les HES se sont vu confier des tâches supplémentaires et exigeantes. Je considère que cette restructuration à l'initiative de la Confédération et des cantons, ainsi que l'adaptation au processus de Bologne qui s'en est suivie, sont extrêmement positives.
J'ai présenté en détail ces changements fondamentaux dans mon livre, en me basant sur la Haute école de gestion de Fribourg, fondée en 1991. En tant que directeur de cette institution et président de la Conférence suisse des professions de l'économie et des services, j'ai participé à cette transformation (EMBA, CAS, Master, recherche appliquée, etc.) et coordonné de nouvelles activités.
Lucien Wuillemin, quelle a été votre motivation dans l'écriture de ce livre ?
Lucien Wuillemin : Aucune école suisse n'a jamais connu de changements aussi radicaux. Il me tenait à cœur d'en présenter la mise en œuvre concrète. Les instances politiques, les directions, le corps enseignant, les étudiants et les administrations ont été fortement sollicités. Ils ont fourni un travail intense, qui m’a personnellement beaucoup marqué. Ce livre en est le reflet. Il est également un remerciement à tous ceux qui ont contribué à la réussite de ce projet.
Selon vous, quels ont été les défis particuliers dans le processus de développement et lesquels restent-ils ?
Malgré les lois et les directives comme base, la mise en œuvre a nécessité beaucoup de créativité. Nous avons dû analyser les besoins, concevoir de nouvelles activités, les mettre en œuvre et les ancrer durablement. Les HES sont délibérément différentes des universités : équivalentes, mais différentes ! Après 22 ans en tant que chargé de cours à l'université, j'étais sensibilisé aux spécificités des HES. Mais le risque de négliger l'aspect pratique des études existe toujours. Il est essentiel de faire appel à d'excellents enseignants et d'encourager les étudiants qui ont une grande expérience pratique. Nous ne devons pas renoncer à l'exigence de qualité élevée, afin que ces caractéristiques uniques continuent d'être reconnues sur le marché du travail.
La création de la HES-SO, qui chapeaute toutes les hautes écoles spécialisées de Suisse occidentale, ne s'est pas faite sans bruits. Comment avez-vous vécu cette période ?
La Confédération imposait une seule grande HES pour les six cantons romands. L'organisation, compliquée au début, a néanmoins permis aux écoles de se développer sans trop de difficultés. Je tiens à souligner la coopération entre les cinq écoles de commerce : les innovations ont été soutenues et encouragées malgré la concurrence, voire grâce à elle. À Fribourg, j'ai par exemple développé des programmes trilingues en français, allemand et anglais, uniques dans les HES.
Comment avez-vous vécu la relation entre les hautes écoles et les alumni ?
Les alumni sont idéalement des partenaires des hautes écoles et sont proches de celles-ci. Leur rôle premier devrait être de soutenir les écoles et d'exercer une influence critique positive sur deux éléments importants, à savoir l'adaptation du contenu des programmes, pour éviter d'étendre des programmes qui ne sont plus d'actualité, et le corps enseignant. Au niveau national, HES SUISSE joue un rôle important.
