Il a cependant déjà identifié des thèmes majeurs, en lien avec la formation, qui pourraient jouer un rôle important pour les HES dans les années à venir : « Je pense notamment à la numérisation, à l’apprentissage tout au long de la vie et à l’évolution démographique, qui aura un impact de taille sur la formation dans le domaine de la santé. » À ses yeux, les diplômés des HES bénéficieront d’opportunités, mais se retrouveront aussi face à des défis: «Le rôle de la formation pour les nouveaux métiers que nous ne connaissons pas encore ne peut être négligé. Je tiens à créer des conditions cadres dans la politique pour que les hautes écoles spécialisées et leurs diplômés puissent se positionner au mieux.»
Un entrepreneur né
Il a beau n'avoir que 26 ans, on connaissait déjà Andri Silberschmidt alors qu’il était président des Jeunes libéraux-radicaux suisses et qu’il s’engageait pour divers thèmes. Pourtant, il ne vient pas d’une famille active en politique. Il affirme être «tombé dedans» suite, entre autres, à un événement bien précis. Alors qu’il était apprenti à la Banque cantonale zurichoise, il a eu l’opportunité de tenir un discours du 1er août sur la Bürkliplatz, en plein centre de Zurich. «J’ai alors dû réfléchir à l’avenir de notre pays. Et j’ai ensuite voulu appliquer ces idées.» Mais cela ne peut être l’unique raison. Le fait qu’Andri Silberschmidt ait voulu passer des paroles aux actes reflète son caractère entrepreneurial; ainsi, à 18 ans, il fonda les Jeunes libéraux-radicaux de Hinwil (ZH). «Si j’avais eu une idée d’entreprise, c’est ce que j’aurais peut-être fondé en premier», déclare-t-il franchement. Les paroles d’un jeune homme qui a l’entrepreneuriat dans les gènes.À la récréation, excellait-il déjà dans l’art d’échanger les vignettes Panini? «Je ne les échangeais pas vraiment», répond-il l’air malicieux. Il ajoute avoir toujours eu le besoin de faire bouger les choses. Il a ainsi abandonné le gymnase pour se lancer dans un apprentissage bancaire et découvrir la pratique. «Rétrospectivement, ce fut l’une des décisions les plus importantes de ma vie; d’un jour à l’autre, je me suis retrouvé dans la réalité.»
Une idée d’entreprise née en Thaïlande
Quant à la création de son entreprise, c’était plus une question de savoir quand que si. Après qu’Andri et ses amis ont découvert les poké bowls et autres sushi-burritos en Thaïlande, ils eurent l’idée de proposer ces mets en Suisse. Ni une, ni deux, la start-up de restauration Kaisin vit alors le jour en 2017. Trois ans plus tard, elle compte sept filiales à Zurich, Zoug, Bâle et Berne, qui emploient 40 collaborateurs. Notre jeune entrepreneur a acquis les connaissances économiques nécessaires lors de son bachelor à la ZHAW (Haute école spécialisée zurichoise). Il n’a d’ailleurs pas effectué ses études à plein temps, mais à cheval entre travail et politique. «J’ai vite compris que mon engagement serait vraiment fructueux si je pouvais exercer plusieurs activités en même temps, qui profiteraient les unes aux autres.»
«Celui qui ne se tape pas la tête n’essaie pas»
Sa carrière politique fulgurante a suivi la même voie: président des Jeunes libéraux-radicaux suisses de 2016 à 2019, membre PLR du conseil communal zurichois de 2018 à 2020 et conseiller national depuis 2019. Une belle success story sans jamais trébucher? Andri Silberschmidt voit les choses autrement: «Les embûches ont été nombreuses.» Il affirme par exemple avoir perdu plus d’une votation, ce qui est normal en politique. «Dans le domaine professionnel aussi, j’ai dû relever des défis. Mais je pense avoir bien su anticiper et mes décisions se sont avérées les bonnes.» Parmi ces décisions, citons son master en Global Finance, accompli à distance et en cours d’emploi à la Cass Business School de la City University of London, terminé « avec mérite ». Pour Andri Silberschmidt, il va de soi que tout cela ne peut être exempt de défaites formatrices. «Si l’on ne se tape jamais la tête, on n’a pas suffisamment essayé.» Il ajoute que sans accepter de faire des erreurs, on ne sort pas de sa zone de confort, «raison pour laquelle tomber fait aussi partie du succès. C’est pour ça que cela en vaut la peine.» Andri Silberschmidt ne s’apitoie jamais sur ses échecs et aucun n’a donc été plus douloureux que les autres. «Les défaites font partie de la vie, je ne serais pas en mesure d’en citer une en particulier.» Il préfère aller de l’avant.
De nouveaux défis dans le domaine logistique
Entre-temps, Andri Silberschmidt est président du conseil d’administration de sa propre entreprise. Et, depuis l’an dernier, il travaille également à 50% en tant que CFO Project Manager auprès de l’entreprise de logistique Planzer. Ses tâches comprennent le suivi des acquisitions, l’optimisation des processus financiers et une étroite collaboration avec l’équipe « Treasury ». Un vrai changement, après avoir travaillé dans le domaine financier chez Swisscanto Invest. Il bénéficie d’horaires de travail souples. «Comme la plupart des politiciens de milice, je travaille aussi quand je suis à Berne.» Il détermine lui-même le rythme de ses projets. «De nos jours, c’est moins le nombre d’heures qui compte que le résultat.» C’est exactement ce qui s’applique à son entreprise. Il a beau n’être «que» président du conseil d’administration, il discute quotidiennement avec le directeur, en raison de la forte croissance de l’entreprise et de la situation particulière engendrée par le coronavirus. En comparaison avec d’autres services de restauration, Kaisin bénéficie d’une situation enviable. «Du fait que nous sommes axés sur le repas de midi et misons sinon sur les livraisons, nous sommes moins touchés.» Il précise que l’année devrait se terminer sur un bénéfice; «et nous n’avons pas dû demander de crédit à la Confédération», ajoute-t-il non sans fierté. «Avec la croissance que nous avons connue, cette année a tout de même représenté un grand défi.» Le succès d’Andri Silberschmidt ne doit rien au hasard. En effet, il suit des principes cohérents: «Suffisamment de sommeil, donc au moins 7,5 heures par nuit en ce qui me concerne, pas d’alcool durant la semaine mais du sport pour une meilleure performance.» Il réserve un message aux diplômés des HES: «Il faut savoir que l’on peut beaucoup apprendre sur le terrain. Mieux vaut ne pas trop se concentrer sur une carrière et privilégier ce qui nous intéresse à un moment donné. Ce savoir, personne ne pourra vous le prendre. Chacun suit sa propre voie. Il n’y a pas de modèle prédéfini.»